Cyrano, l'anti-modèle politique
Suite à Michel Schneider (le Monde du 25 août 2012) : Gouverner, aujourd'hui, c'est se faire voir.
A la fin de l'envoi, je coule....
Se faire voir ( et entendre) : le quinquennat de M. Sarkozy en fut l'éclatante illustration, qui nous offrit une communication politique envahissante, quotidienne, et de valeur ajoutée inégale..... Le plus grave est que l'intéressé a pu croire qu'il suffisait de changer de stratégie de communication 12 mois avant les élections, pour persuader l'opinion qu'il n'était plus le même homme. Quel manque d'estime à l'égard du citoyen moyen...
Hélas, une exposition prolongée aux radiations médiatiques laisse des traces durables. Alors que les français, déjà trop enclins à la brillance et au paraître, ont besoin de grandir, le bombardement médiatique mettant en scène l'hyper-Président, supposé ( le plus ) compétent en tout, ne faisait que décourager les compétences, étouffer l'intelligence et infantiliser nos concitoyens. On reste perplexe quand la Droite française ( supposée réaliste ?) semble à nouveau afficher une certaine nostalgie de l'ex-Président providentiel.
Mais à gauche, ce n'est guère mieux : on s'est soucié très vite pour M. Ayrault , appelé à " se montrer plus présent ". Doit-on affirmer qu'un ( Premier ) ministre ne travaille pas s'il n'émet pas de signaux médiatiques ? Le harcèlement de la machine médiatique joue dans les deux sens.
Faut-il regretter le qualificatif d'homme normal attaché à M. Hollande ? Mme Merkel n'est-elle pas une femme normale , ainsi que M. Kohl, en son temps, qui virent la France entière commencer par moquer leur allure petit-bourgeoise et provinciale ?
Oui, mais nous préférons être "distraits" de nos réalités quotidiennes. G. Marchais le savait bien. La scène politique française reste à Medrano. Après Chirac, on a pu penser un temps à de Villepin pour Cyrano, et puis Sarko qui est finalement allé se faire voir ailleurs. La variante Melenchon actuelle a également du succès, notamment à travers sa composante Guignol vs. gendarme. Malgré le côté suranné de la représentation, ça fait toujours recette et les enfants adorent ça. Quand nous affranchirons-nous de ces héros du XIXe siècle ?
A tant vouloir incarner leur panache , combien de batailles n'avons-nous pas déjà perdues ?